Le 4 juin dernier, Marc Drillon, sur le point de prendre sa retraite, était à l’honneur d’un symposium organisé à l’Institut de physique et de chimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS). Quel regard l’ancien directeur de l’institut porte-t-il sur son parcours et sur l’évolution de son domaine de prédilection : les matériaux magnétiques à dimensionnalité restreinte ?
Être chercheur, était-ce une vocation pour vous ?
Non pas réellement. Plus jeune, j’étais attiré par le métier d’architecte mais d’emblée les études m’ont paru trop longues. Je me suis marié et ai fondé un foyer très jeune et il fallait donc faire vivre ma famille. J’ai poursuivi mes études à Bordeaux, en enseignant dans un lycée en parallèle. C’est à la fin de mon stage de DEA, que l’idée de faire une thèse est venue grâce à l’influence du directeur de laboratoire, le patron de la chimie du solide à l’époque. Au final, avec une thèse de 3e cycle et un doctorat d’État (obtenu en 1977) dans le domaine des matériaux magnétiques, j’ai finalement dépassé les dix ans d’études. Je suis rentré dans le monde de la recherche et je ne l’ai plus quitté ! C’est un métier passionnant – fait de travail en équipe, d’échanges et de voyages – très prenant et d’ailleurs souvent difficile à concilier avec sa vie de famille. Après le doctorat, là encore une belle opportunité m’a permis de rentrer directement au CNRS à Strasbourg à l’École de chimie en 1978.
Quelle(s) thématique(s) scientifique(s) votre carrière a-t-elle embrassée(s) ?
Dès le début de ma carrière de chercheur, je me suis passionné pour les matériaux magnétiques, un domaine à l’interface de la chimie et de la physique. Je suis un théoricien mais pour autant j’ai toujours travaillé en lien étroit avec la recherche expérimentale. Mon quotidien de chercheur consistait à développer des modèles, mettre au point des calculs, simuler des propriétés de matériaux et ensuite vérifier nos prédictions par l’expérience. La théorie permet de comprendre les résultats expérimentaux obtenus, mais également d’orienter des recherches, de trouver, synthétiser de nouveaux matériaux, etc. À l’IPCMS, sur 80 chercheurs et enseignants-chercheurs, une quinzaine sont des théoriciens, répartis au sein des cinq départements de recherche. Je suis très attaché à cette mixité, c’est ce qui fait la force du laboratoire.
Dans les années 1980, nous étions les pionniers dans l’étude des systèmes magnétiques unidimensionnels : des chaînes ou doubles chaînes ferromagnétiques de topologies différentes, et avons participé à de véritables percées scientifiques. À partir de 1995, mon travail s’est orienté vers les matériaux hybrides lamellaires et nous avons pu mettre en évidence des comportements magnétiques totalement inattendus. Enfin, dans les années 2000, je me suis concentré sur les nanomatériaux et nanosciences, en particulier l’étude du comportement de petites particules magnétiques, leurs interactions dans l’espace.
Selon vous, quels ont été les points marquants de votre carrière ?
J’ai participé au côté de François Gautier à l’aventure de la création de l’IPCMS en 1994, le premier institut véritablement pluridisciplinaire où physiciens et chimistes du solide d’abord, puis biochimistes et biophysiciens ensuite, se sont regroupés pour travailler ensemble. En 1996, je suis devenu directeur adjoint de l’IPCMS, et en 2002, Bernard Carrière, alors élu président de l’Université Louis-Pasteur, m’a demandé de lui succéder à la tête de l’institut. Diriger un laboratoire de 240 personnes ne me faisait pas peur car cela faisait déjà près de quinze ans que j’exerçais des fonctions managériales. De plus, je me suis entouré de directeurs adjoints qui m’ont beaucoup aidé dans cette fonction qui reste malgré tout chronophage – surtout quand on garde sa porte ouverte – et exigeante. Il faut à la fois être un manager et être reconnu par ses pairs donc garder un pied dans la recherche. Par chance, j’ai pu garder une équipe de recherche et des collaborateurs très actifs. En 25 ans, j’ai vu ce métier de direction évoluer d’une façon fulgurante vers des tâches administratives de plus en plus envahissantes au détriment de la recherche !
Comment voyez-vous votre retraite ?
Je suis maintenant "directeur de recherche émérite", donc pas vraiment en retraite… encore. Je vais concentrer mes activités sur quelques collaborations privilégiées et surtout à l’évaluation de la recherche en tant qu’expert pour l’Aéres*, au niveau national et international. Je n’aurai plus les contraintes ni la pression liées aux fonctions de direction. Je vais faire de la recherche par passion et ne faire que ce qui m’intéresse !
Et puis, j’espère également me remettre à la peinture que j’ai trop longtemps délaissée. J’ai toujours aimé la dualité entre art et science. Il y a la même satisfaction à créer chez l’artiste ou chez le chercheur.
Propos recueillis par Anne-Isabelle Bischoff
ICube, le laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie, né le 1er janvier 2013, a été inauguré vendredi 31 mai 2013 à Télécom Physique Strasbourg.
Quelques 500 personnes ont participé à la cérémonie d'inauguration du laboratoire ICube, né début janvier de la fusion de cinq laboratoires. Michel de Mathelin, porteur du projet et directeur de la nouvelle structure, a présenté les clés de la réussite de ce projet préparé depuis quatre ans (voir son interview dans L'Actu du 8 février 2013). Alain Beretz a, lui, tenu à féliciter les équipes pour « ce rêve qui se réalise avec toujours la recherche de l'excellence ». Il a ajouté : « Ici, c'est le succès de la pluridisciplinarité, les innovations aux interfaces des ruptures et l'optimisation des moyens. »
Plus tôt dans l'après-midi, le laboratoire avait ouvert ses portes aux curieux. Les 14 équipes d'ICube ont chacune tenu un stand pour présenter leur domaine de recherche et faire découvrir les applications concrètes à travers diverses projections, démonstrations, animations et expositions.
Le laboratoire d'excellence (Labex) HepSYS a été inauguré jeudi 6 juin 2013 à l'auditorium de l'Institut de recherche contre le cancer de l'appareil digestif (Ircad).
Le laboratoire d'excellence HepSYS, dirigé par la professeur Thomas Baumert, est dédié aux hépatites virales et aux maladies hépatiques associées*. Il abordes les différents aspects de l’infection virale chronique du foie en utilisant le virus de l’hépatite C (VHC) comme modèle. Ce virus est une cause fréquente de cirrhose, de cancer et de greffe de foie. L’équipe de chercheurs d’HepSYS s’intéresse à la pathogenèse de l'hépatite C, à l’élaboration de traitements innovants et de vaccins pour lutter contre cette infection. Pour cela, elle s’appuie sur des technologies et des équipements de pointe en virologie moléculaire, biologie cellulaire et immunologie. Elle associe également la génomique fonctionnelle, la bioinformatique et les études cliniques. Les résultats de ces études pourront être étendus à la lutte contre d'autres infections virales chroniques.
*L'Actu développera, dans un prochain numéro, les travaux de recherche et les avancées du laboratoire.Transformer un signal mécanique en réponse chimique: c’est ce que viennent de réaliser des équipes de Strasbourg et de Mulhouse* en greffant sur une surface des sites réactifs qui ne sont accessibles que lorsque la surface est étirée.
Ils ont ainsi synthétisé un substrat qui permet l'adhésion cellulaire sous étirement et duquel les cellules se détachent lorsque le support revient dans son état non étiré. Des applications dans le domaine de l'ingénierie tissulaire peuvent ainsi être envisagées. Prochaine étape : imaginer des systèmes permettant de moduler réversiblement une réaction enzymatique.
Dans la nature, transformer un signal mécanique en réponse chimique implique, entre autre, des protéines à sites cryptiques (ou sites codés). Ces sites sont exhibés uniquement sous étirement, et permettent alors des interactions spécifiques avec d'autres protéines engendrant une cascade de réactions. Les chercheurs alsaciens ont mis au point une stratégie originale pour synthétiser des systèmes répondant chimiquement ou biologiquement à un étirement mécanique, en développant des surfaces à sites cryptiques comme le fait la nature. Ils ont obtenu le premier système qui permet l'interaction, uniquement sous étirement, entre un ligand (la biotine) greffé sur une surface et un récepteur (la streptavidine) présent en solution, et de manière totalement réversible. Greffés sur un élastomère, les ligands sont enfouis sous des chaînes de poly(éthylène glycol) (PEG), elles-mêmes greffées sur l'élastomère. Au repos, les ligands sont masqués par les chaînes de PEG et donc inaccessibles. L’étirement écarte les chaînes de polymères rendant ainsi les ligands accessibles (voir figure). Ils peuvent alors se lier aux récepteurs, et l'interaction cesse lorsque le système retourne au repos. En remplaçant la biotine par des peptides d'adhésion de type arginine-glycine-acide aspartique (RGD), les chercheurs ont réussi à créer un substrat qui permet l'adhésion cellulaire.
Réalisée par la Direction des usages du numérique, l'émission "Trois questions à" propose à un universitaire de répondre à trois questions sur son domaine de compétences. Dans chaque module les participants nous font partager brièvement leurs connaissances. Fréderic Galactéros a été interviewé lors du 8e congrès consacré à cette maladie, qui s'est déroulé à la Faculté de médecine de Strasbourg en avril.
Le pôle Alsace BioValley organise, mardi 11 juin 2013, une rencontre Meet&Match sur la thématique "Nouveaux modèles cellulaires et leur application dans le corps humain". L'objectif : que les acteurs industriels et académiques français, allemands et suisses se rencontrent et créent des partenariats.
Au programme de cette rencontre sur les nouveaux modèles cellulaires et leur application dans le corps humain, des conférences et retours d’expériences par les « key note speakers » - le professeur et docteur Uttikal du Centre allemand de la recherche pour le cancer (DKFZ) et le docteur Mollenhauer de la société TETEC AG (filiale de Braun) - et des courtes présentations d'acteurs industriels (start'up, petites et moyennes entreprises) et académiques. Des temps de pauses seront proposés afin de favoriser des échanges-business informels, et rencontrer les acteurs du réseau.
Vous pouvez également d'ores et déjà vous inscrire au Meet&Match du jeudi 4 juillet 2013 sur la thématique "Détecter, alerter, automatiser: pistes d'avenir pour dispositifs médicaux communicants".
Le Cercle Gutenberg attribuera pour la sixième fois un prix Guy-Ourisson de 20 000 euros à un chercheur de 40 ans au plus menant en Alsace des recherches particulièrement prometteuses.
Le Cercle Gutenberg a rassemblé des fonds provenant d'entreprises et de particuliers ainsi que des collectivités locales alsaciennes afin d'attribuer le prix Guy-Ourisson à un chercheur de 40 ans au plus menant en Alsace des recherches particulièrement prometteuses. Tous les champs disciplinaires et les deux départements alsaciens sont éligibles.
De plus, cette année, comme les deux années précédentes, la Fondation Université de Strasbourg a demandé au Cercle Gutenberg de sélectionner, selon les mêmes critères que ceux du prix Guy-Ourisson, un jeune chercheur à qui elle accordera un prix Fondation Université de Strasbourg-Cercle Gutenberg de 10 000 euros. L'appel lancé pour doter le prix Guy-Ourisson et la charte du prix Guy-Ourisson s’applique également au prix Fondation Université de Strasbourg.
Les jeunes chercheurs intéressés doivent faire parvenir au Cercle Gutenberg, avant le 1er octobre 2013, un dossier de candidature comprenant leur CV, un descriptif de leurs principales réalisations rédigé de manière à être également compréhensible par les non-spécialistes, la liste de leurs publications en indiquant les cinq jugées les plus importantes, la liste des conférences invitées ainsi que le projet de recherche auquel les candidats vont se consacrer, en insistant sur l’apport attendu au niveau de la notoriété et du développement de la recherche en Alsace.
Le lauréat sera désigné au cours du mois de novembre 2013 et pourra disposer des fonds en janvier 2014.
Investissements d'avenir à l'Université de Strasbourg
25 M€ de dotation annuelle dont :
• 16 M€ pour les leviers Idex
• 9 M€ pour les Labex
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 19 juin midi pour une parution le vendredi 21 juin 2013.
Consultez les dates des prochains numéros.